Confinement des sportifs : les pros à l'arrêt

Handball, basket, volley, football... Le confinement rebat les cartes chez les équipes professionnelles qui, sans entraînements collectifs, tentent de garder la forme. Tour d'horizon des clubs bretons.

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Les journées d'Ana Gros en confinement se suivent et se ressemblent. Si l'arrière droite du Brest Bretagne Handball (BBH) s'est remise à la cuisine et à ses études de tourisme, elle passe aussi beaucoup de temps à se maintenir en forme. "J'ai récupéré du matériel du club pour faire de la musculation chez moi" dit-elle.
 

"Dans quel état de forme on sera toutes ?"


Elle court aussi, "un peu", dans un rayon d'un kilomètre autour de son appartement, "histoire de garder du cardio". Elle s'ennuie, parfois, "le ballon me manque, être sur un terrain me manque, confie-t-elle. Le hand, c'est mon métier"

Ana attend. S'interroge sur la suite. "Si le championnat reprend, il nous faudra au moins 3 semaines de préparation avant d'enchaîner les matches", précise-t-elle. Et puis, il y a ces quarts-de-finale de la Ligue des champions face à Rostov en suspens. 

"Pour l'instant, ce serait en juin. Est-ce que l'on va jouer les matches aller et retour coup sur coup ? Je ne sais pas. Parce qu'il y aura également les qualifications pour l'Euro 2020 avec les sélections nationales à gérer. Dans quel état de forme on sera toutes ? Je ne sais pas non plus. Il va falloir faire gaffe aux blessures" ajoute l'internationale slovène.


Santé physique des athlètes


Les blessures, c'est aussi la crainte du coordinateur sportif du BBH. "On sait qu'une semaine d'arrêt équivaut à une semaine de préparation avant de redémarrer les matches, souligne Jean-Luc Le Gall. Quand la Fédération européenne de handball (EHF) envisage la reprise de la Ligue des champions à la mi-juin, c'est qu'elle ne tient pas compte de la santé physique des athlètes. Imaginons qu'en juin on puisse jouer mais que la Russie dise non car ses frontières sont fermées. L'EHF ne peut pas préjuger de tout cela". Et d'ajouter : "on vit une crise sanitaire inédite et l'essentiel, c'est que tout le monde s'en sorte et aille bien".

Les gradins de l'Arena à Brest résonnant des cris des 4000 supporters du BBH, "on en est loin ! Le déconfinement sera tout aussi compliqué que le confinement, note le coordinateur sportif brestois.

Au niveau de la Fédération française de handball, en tout cas, tout se décide de manière collégiale au sein d'une cellule de crise, avec les représentants des joueuses pros et des entraîneurs. Au moment où je vous parle, on ne sait pas si le championnat de France reprendra ou si ce sera une saison blanche".

 
Dans les rangs du Rennes Volley 35, qui pointe à la 3e place du championnat de Ligue A, même attente. Si la Fédération française de volley a sifflé la fin de la saison pour les compétitions amateurs, la ligue nationale, elle, n'a pas encore pris de décision.

Pourtant, la majorité des clubs pros serait plutôt favorable à un arrêt du championnat. "13 clubs sur les 14, dont celui de Rennes, ont proposé de garder le classement tel qu'il est actuellement, indique l'entraîneur rennais Nikola Matijasevic. Il n'y aurait pas de titre de champion de France cette année car pas de play-offs. Dans cette hiérarchie, Rennes jouerait donc la coupe de la CEV la saison prochaine, une coupe d'Europe plus attractive et plus importante"

La plupart des joueurs étrangers sont rentrés au bercail, avec un programme d'entretien physique sous le bras. "Comment on pourrait continuer le championnat, sans entraînement et avec une préparation courte ? s'interroge Nikola Matijasevic. Ce serait très compliqué".

 

Le basket, c'est un sport d'adresse, un sport collectif. Il faudra du temps pour relancer la machine, Erwan Croguennec, président du Landerneau Bretagne Basket



Au Landerneau Bretagne Basket, les joueuses de Ligue féminine (LFB) seront fixées sur leur sort le 10 avril.

La Fédération française de basket, dont dépend la LFB,  étudie tous les scénarios. Si le championnat ne reprenait pas, il n'y aurait pas de titre de championne de France ni de relégation. Et Landerneau jouerait en Eurocup puisque l'équipe occupe aujourd'hui la 4e place du classement, ex-aequo avec Basket Landes.

"Avant que les aéroports ne ferment, on a laissé les joueuses américaines rentrer chez elles, précise Erwan Croguennec, président du club landernéen. Idem pour la malienne Mariam Coulibaly. Toute l'équipe a un programme physique à suivre pour se maintenir en forme. Mais j'ai du mal à croire que l'on va se remettre en tenue pour aller sur un parquet".

Le club partage d'ailleurs, sur sa page Facebook, des vidéos des joueuses à l'entraînement chez elles. Comme ici l'Américaine Ashley Bruner :
 

Landerneau, qui affiche le 2e plus petit budget de la LFB (avec 1,3 millions d'euros), ne cache pas que les répercussions économiques sur le club seront "complexes à encaisser. On reste une association. Mais on prend les problèmes les uns après les autres".


"Ce qui se passe doit faire réfléchir"


Du côté du football, les incertitudes sont identiques. Olivier Dall'Oglio, l'entraîneur du Stade Brestois 29 espère que le championnat de Ligue 1 s'achèvera "de la manière la moins injuste possible", tout en ayant bien conscience que, d'un club à l'autre, les enjeux ne sont pas les mêmes.

Ne serait-ce qu'en termes de solidité physique des effectifs. "On vit une coupure brutale et on va devoir reprendre un mini-championnat de 10 matches qu'il faudra enchaîner tous les trois jours si l'on veut boucler la saison. Des équipes comme le PSG ou Lyon sont bien plus rodées à ce rythme de jeu que Brest, c'est évident". 
 


Préparer les joueurs pour qu'il y ait "le moins de casse", c'est également dans les papiers de l'équipe quand elle reprendra le chemin du stade. "On aura besoin d'un long temps d'entraînement et le défi est là car on va devoir éviter les blessures. Si par malheur Brest avait trois blessés majeurs, on serait en difficulté, contrairement à d'autres clubs".

Olivier Dall'Oglio rappelle que les contrats des joueurs s'arrêtent au 30 juin et que "si le championnat va au-delà de cette date, il faudra des dérogations".
L'entraîneur du SB29 espère que cette "crise sanitaire va permettre de revoir le système.

Cette situation a impacté les esprits,
dit-il,  et peut-être que le football reviendra à des choses plus raisonnables, notamment à des sommes moins élevées pour les transferts. Ce qui se passe aujourd'hui doit faire réfléchir. Il y a des clubs de foot, et pas seulement en ligue professionnelle, pour lesquels les dégâts économiques seront importants".
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